Entretien avec Marie-Laure Saillard – 08/01 /10 : consultante en management auprès de grandes entreprises pendant dix ans, Marie-Laure Saillard, musicienne par ailleurs, a trouvé dans le mécénat des valeurs dont elle veut faire prendre conscience aux dirigeants de sociétés de manière concrète.

Elle créée Mécénance début 2009 et se lance dans l’aventure.

Avec quoi démarre-t-elle ?

Une conviction : le mécénat est un outil de management très efficace.

Des compétences : elle réalise des diagnostics en stratégie managériale auprès des entreprises, leur propose un plan d’action et gère la mise en œuvre.

Des partenariats : outre sa propre connaissance du marché en termes de projets faisant appel à des mécènes, elle s’appuie aussi sur des organismes compétents qui l’informent.

L’objectif : coller au plus près aux besoins de l’entreprise, de sa stratégie de mécène, qui s’intègre dans sa stratégie managériale globale.

Une question brûle les lèvres : avez-vous une oreille attentive dans vos rencontres avec les chefs d’entreprises ? Le mécénat comme outil de management n’est pas chose évidente de nos jours, n’est-ce pas ? Pour répondre à la question, Marie-Laure Saillard commence par définir trois catégories d’interlocuteurs :

Les grands groupes historiquement positionnés dans le mécénat avec une vision assez classique de ce dernier, à savoir un outil de communication (image, relations publiques,…)

Les petites entreprises, genre start-up, dont les dirigeants « ont le mécénat dans les gènes. Ils font du mécénat comme ils respirent ». Ils sont malheureusement minoritaires.

Le « ventre mou » : toutes les entreprises qui font du mécénat pour faire plaisir à un copain par exemple, sans aller plus loin dans la démarche. Cette catégorie représente la grande majorité.

Alors non, la chose n’est pas simple et la vision du mécénat en tant qu’outil de gestion interne est très peu partagée dans le milieu des affaires. Les mentalités évoluent peu à peu, l’ouverture d’esprit est là.

Mécénance a un beau défi à relever !

Certes il existe des philanthropes sur cette terre, mais dans le business, les enfants de coeur ne se bousculent pas non plus au portillon.  Alors quand on me parlait de mécénat, je voyais l’action positive avec surtout un moyen pour l’entreprise de soigner son image. Ne souriez pas en jugeant ma vision de la chose puérile, une rapide enquête menée auprès de mon entourage me confirmait que mon opinion était partagée.

Virginie Seghers, dans son livre « Ce qui motive les entreprises mécènes. Philanthropie, investissement, responsabilité sociale ? », nous propose une tout autre approche du sujet et nous l’explique. Le mécénat participe bien entendu à l’image de l’entreprise qui le pratique, mais il va bien au-delà.

Je cite : « Quand celles-ci (les entreprises) assument leurs responsabilités économique, juridique et sociale, alors elles peuvent se permettre de faire du mécénat. Il est la libre expression d’une responsabilité assumée. » L’entreprise s’inscrit dans la société, établit un lien avec le monde qui l’entoure en y jouant un rôle positif, et bénéficie d’un espace d’échanges riches en découvertes mutuelles. Vecteur des valeurs de l’entreprise, le mécénat est aussi générateur de cohésion interne, avec parfois une participation du personnel dans les actions menées.

Comparativement à d’autres pays, et notamment ceux d’Amérique du Nord, peu d’entreprises françaises sont mécènes (18% des entreprises de plus de 200 salariés, selon un sondage Admical-CSA de 2006). Mais qu’on ne s’y trompe pas, celles qui le sont développent de plus en plus une véritable stratégie de mécénat, qui s’intègre dans une politique globale d’engagement sociétal.

Le mécénat, un lien donc entre l’économie classique et l’économie sociale et solidaire. Un partage aussi. Aller, plus que 82% d’entreprises à convaincre….